En suivant les COLOMBOPHILES

Les CONCOURS

Trés choyés, les pigeons ménent une vie rigoureuse.
"Enlogés" le samedi au siége de la société colombophile, munis d'une bague en caoutchouc numérotée, ils sont transportés par camion jusqu'au lieu de lacher. Le dimanche, les convoyeurs ouvrent les paniers. Les lachers commencent en principe à six heures le matin dans des conditions météorologiques optimales au départ et sur toute la "ligne de vol". Les pigeons perdent leur merveilleux sens de l'orientation dans le brouillard et sont perturbés par les champs électriques des orages. Certains peuvent se perdre ou être victimes de prédateurs, dont les chasseurs.
Les vieux briscards contournent les orages.
Avec l'expérience, le voyageur évite certains dangers, apprend à utiliser les vents. Les vieux briscards contournent les orages ou, dans des courses de fond, laissent filer les jeunes. En vrais champions, ils se ménagent et volent en queue de peloton pour s'abriter du vent. Les pigeons volent trés souvent en groupe, forment des convois qu'ils ne quittent qu'à proximité du pigeonnier. Au cours d'un vol, il arrive que le retour au colombier ne soit plus si motivant et qu'un voyageur suive les camarades d'un autre colombier. Cette passade ne dure qu'un temps et l'infidèle revient au nid après quelques jours ou... un an de vagabondage avec une bande de pigeons des villes ou des champs. Un de ces déboussolés s'est même retrouvé dans l'archipel de Bahrein où il a été sauvé par le personnel de l'ambassade de France durant la guerre du Golfe. Mais la plupart des oiseaux rentrent dare-dare, guettés par leur propriétaire qui scrute le ciel, impatient de les voir "tomber" et de les "constater", Il leur retire alors la bague de caoutchouc et la glisse dans le constateur, une pendule préréglée qui enregistre l'heure d'arrivée du pigeon. Pour ne pas rater l'arrivée des oiseaux et ne pas perdre de précieuses minutes, certains colombophiles ont imaginé toutes sortes de dispositifs tel l'appel sonore déclenché par une cellule photo-électrique. Mais le plus souvent, la méthode reste empirique et consiste tout simplement à guetter l'oiseau et l'appeler avec des sifflets. Car, avant de rentrer, le pigeon peut se moquer de son propriétaire et "faire du toit" à l'entrée du pigeonnier,ou tout simplement tourner autour. Epreuve difficile pour le colombophile qui perd patience. Et les menaces d'un accommodement aux petits pois ne sont alors pas rares ;mais elles ne sont pas mises à exécution, foi de colombophile...
Vitesse moyenne : 60 km/h
Au siège de la société, les constateurs sont déplombés et les résultats dépouillés. Pour calculer la vitesse du pigeon, un classificateur divise la distance entre le lieu de lâcher et le colombier par le temps de vol. La vitesse réelle dépend de nombreux paramètres dont le vent, la densité de l'air... « La vitesse moyenne est estimée à environ 60 km/h mais on a enregistré des records de 120 km/h » . Aussi, la vitesse est-elle une des formes de compétition sur des distances allant jusqu'à 250 kilomètres réservée, en général aux jeunes fonceurs. Le demi- fond comporte des distances entre 250 et 550 kilomètres, et le fond au-delà de 550 kilomètres, la reine des épreuves étant celle de Barcelone.

L'ELEVAGE

S'il existe de nombreuses variétés qui se distinguent par la couleur du plumage, la longueur des ailes, la hauteur de jabot, il n'existe aujourd'hui qu'une seule race créée vers 1850 : "le pigeon voyageur belge". De plus, chaque voyageur possède un pedigree qui dépend des qualités de sa lignée. Ainsi, sept jours après l'éclosion de l'oeuf, le pigeonneau reçoit deux bagues comportant, l'une, un numéro de matricule et son année de naissance, l'autre un numéro de téléphone et l'adresse du colombophile. C'est environ deux mois après l'éclosion que commence l'entraînement. Il faut d'abord "l'aduire" à son colombier, autrement dit l'accoutumer à reconnaître dans les moindres détails les abords de son "domicile". Puis il faut "travailler" son sens de l'orientation et lui apprendre la course par des lâchers progressifs de plus en plus éloignés du pigeonnier : un kilomètre, cinq, dix, puis quinze. Ensuite, il est mis "en société" (de 400 à 500 jeunes pigeons) et lâché de plus en plus loin.
A quoi tiennent les bons résultats de certains colombiers ? Aux qualités des pigeons certes, mais aussi et surtout à celles de leur propriétaire. C'est l'observation des pensionnaires et aussi une connaissance qui frise l'intimité affective qui explique cet attachement et fait que cette passion se transmet de génération en génération.
C'est l'amour qui motive le retour du pigeon
Chaque colombophile a sa méthode : "au naturel"' le pigeon une fois lâché retrouve nid, graines, petits et conjoint. C'est le retour à la vie de famille en quelques sorte qui le motive. "Au veuvage", seul le mâle sélectionné participe au concours. Sa vie est alors beaucoup plus ascétique. Lorsqu'il revient de concours, il retrouve sa bien-aimée ... mais pour quelques heures seulement. Et pour luicommence longue semaine réglée par une alimentation rigoureuse et un entraînement quotidien autour du colombier ; jusqu'au jour du lâcher, le dimanche suivant, où il n'aura qu'une idée en tête : rejoindre sa pigeonne! La méthode "au naturel" n'exclut pas quelques artifices comme un oeuf factice dans lequel on glisse un ver de terre. En gigotant à l'intérieur il trompera la femelle qui couve et qui croira l'oeuf prêt à éclore. Une fois séparée de son oeuf, l'instinct maternel la fera vite rentrer au nid...

Le SENS d' ORIENTATION

Comment retrouve-t-il sa route? Des chercheurs avancent une série d'hypothèses : un champ de vision qui augmente avec l'altitude, une détection de la polarisation de la lumière, une ouïe détectant les sons à basse fréquence, une sensibilité aux variations du champ magnétique de la terre. Des milliers de particules magnétisées ont été décelées à la base du cerveau des pigeons, ce qui attesterait cette dernière thèse. Ils enregistreraient une carte magnétique du lieu habituel d'évolution. Le pigeon possède donc à la fois un sens "compas" et "carte", qui s'améliorent au fur et à mesure de l'entraînement de l'oiseau. Mais le pigeon garde encore son mystère. Et depuis le déluge, en passant par l'Égypte des pharaons, les Grecs et les Romains, l'oiseau messager n'a jamais failli : pour assister la Poste (lors du siège de Paris en 1870), dans l'armée durant la Grande Guerre. Encore aujourd'hui il rend des services non négligeables. Aux Etats Unis il participe à la recherche des naufragés en mer et transporte des documents secrets de la NASA. Il achemine des échantillons de sang entre les hôpitaux d'Avranches et de Granville dans la Manche, il assure d'autres liaisons entre l'île d'Yeu et le centre hospitalier des Sables d'Olonne. Un dispositif du même genre est d'ailleurs à l'étude entre un hôpital de Montreuil et un laboratoire de la région parisienne. Hier messager, augure des événements heureux, compagnon de Vénus, représentation de l'Esprit saint, compagnon des travailleurs des mines, le pigeon est aujourd'hui un loisir. A chaque civilisation son symbole.

Texte d'après Philippe Leroy

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