La MOTIVATION de nos PIGEONS par Jean-Pierre Bourgon
Tout
d'abord, un peu de réflexion :
. Pas de victoire si la mue ne s'est pas effectuée dans de bonnes
conditions !
. Pas de victoire sans une bonne sélection !
. Pas de victoire sans un bon élevage !
. Pas de victoire sans une alimentation équilibrée et rationnelle
!
. ET PAS DE VICTOIRE sans la motivation du colombophile lui-même
!
Ces vérités, qui depuis des années sont des évidences confirmées, ne sont pas perçues avec tout le sérieux nécessaire par certains d'entre nous.
Il
est ridicule de croire ou de prétendre qu'il existe des moyens ou des
petits trucs "secrets " pour faire, du jour au lendemain, de votre
colonie une colonie " champion " !
Mais pourtant, il existe des petits " trucs " dans le jeu des jeunes.
Comme augmenter le nombre d'ufs à couver, placer un bourdon dans
un uf vidé, accoupler 2 femelles au même mâle, placer
un jeune dans le nid, etc
On peut faire quelques prouesses avec ces
" enfantillages " mais laissons tout aller naturellement.
Selon certains, notre préoccupation majeure n'est pas dans le sens
de " faire sortir son bon pigeon ", le premier du panier, mais bien
dans celui de l'avoir amené dans la meilleure condition physique possible
lors de la mise en loge aux concours pour " briller " sur la feuille
des résultats sur telle ou telle concours
selon ses ambitions.
Selon la " classe " plus ou moins bonne de ses sujets, tout colombophile
doit s'efforcer d'obtenir, d'amener cette " bonne condition " (cette
forme puisque c'est bien d'elle que nous parlons) dans son équipe de
voyages
en laquelle un ou plusieurs de nos amis ailés partiront
en super condition à un concours.
Chez
nos pigeons voyageurs avec leurs instincts de bêtes, c'est à
nous de créer chez eux cette motivation nécessaire qu'ils ne
peuvent acquérir d'eux mêmes.
Le veuvage et ses nombreuses variantes, le célibat, sont des motivations
pour le pigeon voyageur. Le naturel également avec ses nombreux petits
trucs tels que couvage sur des ufs frais, de 8 jours, de 15 jours, petits
jeunes de 3 à 15 jours, jalousie, etc
sont aussi autant de motivation
pour revenir vite et voler la tête d'un concours.
Mais
revenons aux problèmes de veuvage car bon nombre d'entre nous pratique
cette méthode car moins contraignante.
Selon Prof, quels sont les ennemis du veuf ?
. L'atmosphère inquiète du colombier (un chat qui rôde,
une fouine dévastatrice, rat ou souris) excite notre pigeon qui épuise
inutilement et lui fait brûler ses réserves.
. La proximité des femelles veuves, que les mâles entendent
appeler à nid.
. La vue pendant la journée d'autres pigeons non accouplés.
. Le fait d'aller trop souvent au colombier, trop montrer les femelles
est fatal et met beaucoup de colombiers hors forme après quelques semaines
seulement.
La plupart des débutants et même d'anciens colombophiles commettent encore la même faute : sans soleil et sans air, la super forme est impossible à produire au pigeon ! Sans calme, pas d'appétit, et sans manger on meurt ! Pour tenir les pigeons calmes, faisons l'obscurité et pour donner du soleil, faisons de la lumière ! Marions ces deux vérités et disons qu'en début de saison, il ne faut pas faire l'obscurité au colombier tant que la forme n'est pas présente car cela ne fera que retarder la venue de celle-ci.
Dans un lot de veufs de valeur à peu près semblable, il est difficile de prédire le jour de la mise en loge quels seront les premiers inscrits. Etre observateur ! (voir sans être vu). Généralement tout pigeon a un tic qu'il manifeste plus fréquemment ou plus vigoureusement lorsqu'il est au summum de sa condition nerveuse. Les uns s'élancent du plancher à leur casier cent fois par jour ; d'autres, maîtres d'une partie du plancher n'y tolèrent aucun de leurs congénères ; et certains, deviennent conquérants et cherchent à attaquer leurs voisins, etc Mais c'est surtout à la volée que le sujet en grande forme montre sa brillante condition : par la hauteur de son vol, la durée de ses ébats, la grâce et la puissance avec lesquelles il manuvre ses ailes, son attitude lorsqu'il est retombé au toit, sa façon aussi de franchir en bolide l'entrée du colombier pour regagner son casier. Chaque veuf demande a être observé si l'on tient à connaître son comportement particulier lorsqu'il est en grande forme.
Pour
réussir en colombophilie, l'amateur dispose de plusieurs atouts. Qui
pense atout pense jeu de hasard ! Certes, nous savons que le hasard fait parfois
bien les choses, mais cela n'arrive qu'en de très rares occasions vraiment
providentielles.
Donc des atouts mais des atouts de maître :
. Le pigeon, insensible au luxe mais aime ses aises et un certain confort.
Mieux vaut un vieux colombier construit avec des matériaux dits
de récup qu'une installation trop grande, froide et où l'air
est insuffisant la lumière insuffisante.
. Beaucoup d'air et de clarté, il aime se chauffer au soleil
sur un perchoir ou une case à lui tout seul.
. La santé est le bien le plus précieux de toute existence.
. C'est par l'entraînement continu que tout travail devient facile
et moins contraignant. . Grâce à lui, notre pigeon voyageur peut
réaliser performances et exploits.
. Ce n'est pas la quantité de la nourriture qui compte mais bien
sa qualité et sa parfaite assimilation par l'organisme de notre
pigeon voyageur.
. Il n'y aucune relation de cause à effet entre la forme corporelle,
le physique du pigeon et ses aptitudes naturelles psychiques, de même
avec les teintes des yeux et du plumage. Mais il existe certains traits qui
dénotent la reproduction et ses facultés à voler plus
ou moins rapidement.
. Selon les lois de l'hérédité, le fils ressemble à
la mère et la fille au père. Si nous voulons élever de
bons mâles pour le voyage, nous nous efforçons donc de les
produire par des femelles de grande qualité reproductive et
vice versa.
Jean-Pierre Bourgon
Questions pour un champion ?
Qui
est l'inventeur de la bague en caoutchouc ? J.R.
Qui serait le premier ayant conçu l'idée d'une sorte de constateur
sous forme de panier ? P.
METHODE de JEU par Yves DEGIOVANNI
Durant
l'année on peut distinguer 3 périodes :
Période d' ELEVAGE : de Décembre à Mars, chaque
couple donne 2 tournées soit 4 jeunes
Période de CONCOURS : d'Avril en Juillet, pendant cette période
males et femelles sont séparés durant la semaine et se retrouve
juste avant l'enlogement pour 1/4 d'heure environ dans le compartiment des
femelles puis partent tous aux concours. Au retour les couples se reforment
pour quelques heures et jusqu'au lendemain pour des concours difficiles, puis
nouvelle séparation. Ainsi femelles et males sont joués au veuvage,
les meilleurs en longue distance étant joués en fond et les
sprinters en vitesse.
Pour les concours de jeunes je pratique le naturel tous les jeunes courent
pour environ 8 concours de 100 km à 500 km.
Période de REPOS : de Août à Novembre, males et
femelles (jeunes et vieux) sont séparés et sélectionnés
sur leurs résultats aux concours et leurs morphologies pour ne garder
qu'une douzaines de couples.
L'
ALIMENTATION :
Période d' ELEVAGE : mélange de graine spécial
élevage avec un conditionneur intestinal ( PRO BIOTIC, COMETOSE ou
autre marque) 2 fois par semaine et LEVURE de BIERE 1 fois par semaine, eau
avec vitamines 2 fois par semaine et NATURALINE 2 fois par semaine
Periode de CONCOURS : mélange de graine spécial sport
avec PRO BIOTIC ou COMETOSE 2 fois par semaine et LEVURE de BIERE 1 fois par
semaine, eau avec SPRINTER avant veille du concours, RECUPERO veille et retour
du concours, le lendemain du retour NATURALINE et 1 jour de vitamines
Période de REPOS : idem élevage sauf mélange de
graine spécial mue
La
PREVENTION :
RONIDAZOLE 10% ou TRICHOREX 20 jours avant l'accouplement et à la fin
des concours.
HYDRAREX ou AQUAVERM 20 jours avant l'accouplement et à la fin des
concours
POUTIC dans les nids et le bain
Vinaigre de CIDRE 1 fois par mois (1 cuillère à café
par litre d'eau)
Les
INSTALLATIONS :
3 compartiments, 1 pour les males et 1 pour les femelles strictement identiques,
puis 1 pour les jeunes.
Attention les installations doivent être propre et aérée.
Yves DEGIOVANNI
Le VEUVAGE INTEGRAL par Vincent DEPECKER
Qui
n'a pas aujourd'hui entendu parler du veuvage ?
Cette méthode de jeu révolutionnaire qui date des années 1930-40 était autrefois
jalousement gardée, reservée aux initiés. Elle a fait la renommée de nombreux
amateurs de l'époque qui la pratiquaient aux dépends des joueurs "au naturel".
A l'heure actuelle savoir comment pratiquer le veuvage est à la portée
de tout le monde et certains en reviennent au naturel pour ne plus "sacrifier"
leurs bonnes femelles ou pour ne pas laisser 50% de hasard dans la descendance
de leur colonie.
Pour pouvoir profiter des avantages du veuvage sans pour autant hypothèquer
les qualités au voyage de ses femelles, quelques amateurs français pratiquent
depuis une quinzaines d'années le "veuvage intégral". Ce dernier permet
de jouer males et femelle du même couple au veuf et, par la même occasion
de doubler son nombre de pigeons à jouer sans pour autant agrandir son pigeonnier.
Le veuvage intégral est particulièrement intérressant pour les jeunes amateurs
qui se doivent de trier rapidement leurs pigeons et de sélectionner autant
les males que les femelles. La méthode semble porter ses fruits puisque
bon nombre d'hollandais et de belges se prête au jeu. Aussi, si la nation
mère de la colombophilie a adopté cette technique, c'est qu'elle a du bon,
explications...
Une
façon de jouer bien particuliére
Le
veuvage intégral a pour particularité de permettre d'enloger males et femelles
sur le même concours, le même week-end sans pour autant démotiver les
pigeons qui sont maintenus au veuf durant toute la semaine.
En vitesse, les pigeons iront ensemble sur les mêmes concours chaque
semaine, le premier rentré ( et ce n'est pas toujours le male ! ) attendra
l'autre bien sagement. Il est vrai que des vieux veufs, habitués au veuvage
classique mettront quelques concours à s'habituer à cette nouvelle technique
et seront peut être déçus de ne pas trouver leur dulcinée qui les atttend
au retour. Il est alors utile de disposer de quelques femelles ( et males
) tardif(ve)s qui ne participeront pas au concours et qui amuseront les premier(e)s
arrivé(e)s. De plus ces tardif(ve)s pourront remplacer un male ou une femelle
qui s'est perdu(e) pour motiver le membre du couple restant pour les concours
à venir. Les yearlings apprendront que lorsqu'ils(elles) rentrent il faut
atttendre un peu pour pouvoir voir sa(son) compagne(on), ils(elles) s'y habitueront
très vite et le repos pris pendant 5 minutes à leur rentrée à attendre ne
sera que plus bénéfique pour leur récupération.
En demi fond le veuvage intégral doit permettre à une petite colonie
de jouer toute la saison et tous les concours sans pour autant casser ses
pigeons en les jouant trop. Il est en effet facile après un début de saison
en vitesse pratiqué selon la méthode du veuvage intégral (pour lancer l'équipe)
de jouer males et femelles de façon separée toutes les semaines ( une semaine
on joue les males et l'autre les femelles ). Ainsi tous les deux semaines
le pigeon participe à un concours de demi fond (300 à 500 kms) et la motivation
de chacun des membres du couple reste affutée toute la saison puisqu'ils se
voient toutes les semaines mais que chacun voyage à son tour. La situation
varie ainsi chaque semaine pour chacun des membres du couple ce qui évite
au pigeon de tomber dans une rourtine démotivante.
En fond et grand fond le veuvage intégral permet de préparer dans un
même compartiment des pigeons destinés à des concours différents. Si l'on
joue des males sur Tulles pour les préparer à Barcelone 3 semaines plus tard
rien n'empeche entre deux de jouer ses femelles sur Pau par exemple ou Nimes.
Le seul impératif a respecter vient du fait que le membre manquant du couple
doit être rentré pour l'enlogement de l'autre membre du couple, il convient
donc de se laisser une marge de sécurité dans les dates de rentrées de ces
concours, qui ne sont pas de tout repos pour nos voiliers.
Des
installations pas si compliquées
Ces dames doivent requérir toute notre attention...
notamment la manière de les nourrir qui est déterminante pour
les résultats.
Bon nombre de colombophiles pensent que le veuvage intégral demande des installations
bien spécifiques, en fait il convient de posséder un colombier de veuvage
"classique", où seront joué les males et un autre compartiment attenant ou
non à celui des males pour y loger les femelles.
Dans le meilleur des cas vous possedez un pigeonnier de veuvage "classique"
avec au dos un compartiment pour les femelles. Vous pouvez alors pratiquer
la technique du colombier tournant, elle demande beaucoup de soins mais elle
se revèle très efficace dès le début des concours. Dans le système du colombier
tournant on fait voler les femelles qui séjournent derrière le colombier
des males en premier. Pendant ce temps les mâles passent par une petite
trappe dans le pigeonnier des femelles (que l'on a pris soin de refermer ).
Les femelles peuvent alors rentrer dans le colombier "vide" des mâles
ou elles sont nourries. On peut alors lâcher les males. Pendant ce temps on
repousse les femelles dans leur compartiment et les males peuvent rentrer
"chez eux" pour manger. Toute la colonie à ainsi effectué sa volée. Lors des
concours aucun problème, tout le monde rentre par le même spoutnik, celui
des males, où ils ont été habitué à rentrer pendant la semaine.
Pour
les amateurs qui ne possédent pas de compartiments accolés,
la méthode demande un peu plus de patience, mais nécessite moins de temps
pour effectuer les volées quotidiennes. En fait dans ce cas de figure les
males font leur volée comme des veufs et rentrent dans leur propre pigeonnier.
Les femelles quant à elles volent à partir de leur compartiment et rentrent
dans celui-ci tels des veufs. Chaque membre du couple rentre donc dans
des compartiments différents la semaine.
Il convient alors de laisser au pigeon ( et particulièrement aux femelles
) le temps de comprendre qu'il doit rentrer dans le compartiment des males
lors des concours.
En général au bout de 2, 3 semaines tout est assimilé et les femelles savent
bien qu'elles doivent rentrer dans un compartiment la semaine et dans un autre
lors des concours. Une parade consiste en fait à simuler par des entrainements
(avant la saison ) des concours et ainsi gagner le temps d'adaptaption nécessaire
au départ.
Du luxe pour ces dames ?
Si le compartiment des males est tout ce qu'il y a de plus classique dans
sa conception, celui des femelles doit lui être étudié de plus près. Ces
dames ont en effet une facheuse tendance à s'accoupler entre elles et
il convient d'empêcher qu'elles assouvissent leur désir.
En effet une des clé du veuvage intégral est d'arriver à garder l'ardeur sexuelle
des femelles et cela ne va sans les empêcher de s'accoupler entre elles.
L'aménagement du compartiment des femelles va beaucoup vous aider dans votre
tâche. Tout d'abord y banir la paille et les casiers, ils insitent les accouplements
hors nature. Après, dans la mesure du possible, il est préférable d'installer
un caillebotis, il empêche les accouplements au sol et toute ponte sera perdue
et donc non couvée. On installera des perchoirs de types hirondelles renversées,
trop petits pour permettre à deux femelles de s'y poser. Ensuite il faudra
veiller à assurer, à l'aide d'un rideau, une pénombre relative, elle aidera
à calmer vos femelles.
Enfin le point le plus important sera sans aucun doute la manière de nourrir,
la parcimonie et de mise, elle aidera à contenir les ardeurs pendant la semaine
et à faire remonter celles-ci avant les enlogements. Les résultats avec
les femelles dépendent essentiellement de la façon dont on les nourriera,
pensez-y.
La
méthode
Le
motivation doit être maintenue pendant toute la saison...
Après
un accouplement de début de saison dans le compartiment des males pour le
moins classique et l'élevage d'un ou de deux jeunes, on permet encore au couple
un deuxième accouplement et une nouvelle ponte. Des entrainement seront donnés
aux pigeons pendant l'élevage des jeunes.
Cette 2ème couvaison de 6-7 jours, on enlève les femelles et les placent dans
leur colombier. Les males couveront jusqu'à abandon. On retire alors les oeufs
et la paille et l'on retourne le plateau. Avant chaque enlogement on retourne
le plateau et on permet au male de chasser à nid. On introduit alors la femelle
et on laisse les deux amis fricoter un peu. On enloge alors les deux membres
qui s'en trouvent surmotiver. Reste à attendre que nos compères rentrent et
de recompenser le premier arrivé des deux par un(e) tardif(ve) en attendant
que son ami(e) arrive. Pour maintenir la motivation pendant toute la saison,
on utilise des variantes assez proches de celles employées dans le veuvage
"classique".
Le
veuvage intégral semble être une bonne méthode pour trier rapidement une colonie.
Elle
constitue aussi un bon moyen de jouer avec plus de pigeons sans pour autant
augmenter la taille de sa colonie, ce qui s'avère être un avantage certain
pour les joueurs de fond et de demi-fond notamment.
Toutefois cette façon de faire requiert quelques prérequis. Il convient de
savoir observer les pigeons et plus particulièrement l'état d'excitation
des femelles, de savoir nourrir en conséquence et de connaitre un peu les
rudiments du veuvage classique pour pouvoir motiver ses pigeons tout le long
d'une saison. C'est ce que nous verrons dans un prochain reportage.
Article
écrit par Vincent DEPECKER (19 ans, Hazebrouck, 1ère région),
un jeune amateur talentueux...
Vue sur le site de la FEDERATION COLOMBOPHILE FRANCAISE
Le VEUVAGE "classique" par C.G. Van der Linden
Les
origines et les avantages
C'est
dans la région de Liège que le veuvage fut inventé il y a à peu près un demi-siècle.
Peu avant la première guerre mondiale, les grands amateurs de la région de
Charleroi la mirent à leur tour en pratique. Petit à petit cette méthode se
diffusa partout et, actuellement, elle est appliquée dans tous les pays où
le jeu à pigeons a des adeptes. Mais, c'est une méthode difficile en ce qu'elle
n'admet pas l'à peu près : on réussit ou on ne réussit pas, il n'y a pas de
milieu. Elle offre d'énormes avantages : le pigeon n'élève pas et ne subit
pas, ainsi, les fluctuations de forme inhérentes à l'élevage. La forme du
veuf monte lentement, elle est constante et peut durer pendant deux à trois
mois. Le veuf est prêt à être enlogé toutes les semaines, même jusqu'aux distances
de 500 kms. Ce n'est qu'à partir de 600-700 kms qu'il vaut mieux lui donner
du repos entre deux enlogements. Comme le veuf ne s'épuise pas à l'élevage
il dure plus longtemps et il n'est pas rare de voir des mâles de 6 à 7 ans
se distinguer encore aux grands concours. Mais, il est évident que le veuvage
a de grands inconvénients. On élève peu avec les meilleurs voyageurs et la
majorité des colonies s'épuisent ainsi au bout de quelques années. Le mâle
se fatigue du veuvage et, si l'on n'y prend garde, il n'en veut plus après
une ou deux saisons. Enfin, par temps sombre et pluvieux, même parfois par
vent arrière, le veuf s'égare à cause de sa fougue. Il est imbattable par
beau temps à toute distance, mais principalement entre 300 et 800 kms.
Au printemps
Séparés
de leurs femelle vers la fin de l'année, les futurs veufs sont remis en ménage
entre le 15 février et le début de mars. Généralement ils élèvent un jeune
à la première nichée, et ensuite, après une dizaine de jours de couvaison,
les femelles sont mises en volière : le veuvage commence. La question de l'élevage,
avant le début des concours, est controversée. Il est des amateurs qui n'en
veulent pas, sous prétexte que la fonction de nourricier fatigue le pigeon
et lui enlève, ainsi, une partie des réserves qu'il a accumulées en hiver.
Ensuite, l'élevage précipite la mue. Nous avons fait des essais nombreux et
nous pouvons dire que l'élevage du printemps n'est pas nécessaire... si l'on
ne désire jouer qu'une saison ! Mais, au bout de deux saisons, le mâle faiblit,
s'il n'élève pas. N'a-t-on pas vu les grands amateurs - au temps où la différence
entre grands joueurs et amateurs ordinaires était énorme - mettre leurs meilleurs
sujets au repos et à l'élevage une saison sur deux ? Pour que le veuf dure,
il faut lui permettre d'élever des jeunes. Il est des veufs, qui n'élèvent
pas du tout, ni avant, ni après la saison de jeu : c'est proprement absurde
et à ce système le sujet le plus solide et le mieux équilibré est guetté
par la dépression nerveuse. Nous avons poussé plus loin les expériences. Depuis
la fin de la dernière guerre, nos veufs élèvent d'abord une nichée complète
: deux jeunes, puisque la nature détermine exactement le nombre d'oeufs que
pond la femelle. C'est une méthode de triage à peu près infaillible,
car le mâle gui faiblit à l'élevage n'a pas l'étoffe d'un bon voilier. Au
deuxième nid, nous laissons un jeune, nous séquestrons la femelle quand ce
jeune a 10 jours et ainsi nous commençons le jeu sur demi veuvage. Cette variante
du veuvage est utile pour l'équipe destinée au long cours, puisque ainsi les
veufs restent plus calmes et ne montent en grande forme qu'au moment opportun,
quand les beaux concours commencent. La mise au veuvage sur oeufs se fait
comme suit: on commence les dressages et au retour du premier concours les
mâles ne retrouvent plus leurs femelles. Ils reprennent leurs oeufs un jour
ou deux et, ensuite, les abandonnent. Cette façon de procéder provoque une
excitation sexuelle chez les mâles, ils mangent mal et, si les résultats des
deux premières étapes sont souvent brillants, il n'est pas rare de voir ces
veufs rutilants et nerveux s'effondrer au bout de peu de temps.
On peut enfin n'accoupler qu'au 15 mars et commencer le veuvage sur le jeune
du premier élevage.
Premiers dressages
Il
est des amateurs nombreux qui dressent leurs veufs sur couvaison, mais c'est
précaution superflue s'ils ont déjà voyagé les années précédentes. De toute
façon, sitôt la femelle enlevée, les premières leçons commencent. Après trois
jours d'isolement, on lâche les mâles à une dizaine de kms et au retour leur
femelle se trouve au casier. Ne laissez les conjoints qu'une ou deux minutes
ensemble et évitez tout rapprochement. On fera ainsi deux ou trois petites
étapes, de préférence avec lâcher en commun. Si on en a les moyens, on peut
allonger la distance et faire des lâchers de groupe à 50 kms. Il n'est pas
utile d'aller plus loin. Le dernier lâcher aura lieu le jour de l'enlogement.
Ce jour-là, 10 km suffisent, même 1 ou 2 km si l'on n'a pas le moyen de faire
plus. Pour ce dernier lâcher on aura pris soin de remettre le "plateau " (le
boulin) au mâle avant le départ.
Au retour on laisse le couple ensemble, tout en évitant les rapprochements,
et on saisit le mâle, au momet où il "rappelle" tout doucement sa moitié.
En rentrant de voyage les veufs sont accueillis fenêtres grandes ouvertes
et femelles au casier. Le couple peut fêter en toute liberté l'heureux retour.
Il ne faut pas enlever trop tôt la femelle, car il faut que le mâle en ait...
pour sa peine.
La présence de sa femelle, c'est la récompense de l'effort qu'il a fourni.
La semaine suivante on peut recommencer les petits dressages, sauf si l'on
joue à bonne distance. Dans ce cas mieux vaut ne pas forcer la dose.
Les concours
A
présent, les vrais concours vont commencer. Avant l'enlogement le mâle reçoit
son " boulin " (ou "plateau") : c'est signe que le départ est proche.
On lâche l'équipe à quelques kms, au retour les femelles sont au poste et
on met les mâles au panier sitôt qu'ils ont été auprès de leur moitié pendant
une ou deux minutes. En pleine saison ces dressages ne sont plus nécessaires,
car les veufs ont vite compris que tout cela n'est que mise en scène, hors-d'oeuvre
et que le plat de résistance les attend au retour. Aux enlogements à partir
de 600 km., nous mettons le plateau au casier une heure avant le départ: cela
suffit pour faire comprendre au veuf que le travail sérieux va commencer.
En juillet, il est parfois utile de varier la préparation. Certains mâles
ne rêvent que plaies et bosses : on leur met un " batailleur" au casier.
D'autres trouvent grand plaisir à transporter des brins de paille : on leur
en met quelques-uns à portée et il n'est pas rare de voir rentrer de volée
l'un ou l'autre veuf portant en son bec de l'herbe sèche, ou une fane de pommes
de terre. Avant guerre nous avons eu un mâle de bonne valeur, appelé le "
bâtisseur ". A chaque occasion, tout en étant veuf, il ramenait du matériel
pour construire un nid. Si on lui passait une poignée de brins de paille au
matin, le soir tout était mis en place. A défaut de brins de paille, il secouait
les barreaux de sa case et s'épuisait ainsi en efforts inutiles.
On joue parfois les veufs, fin juillet, en chasse à nid. Pour cela il faut
qu'ils soient en excellente condition et que l'étape qui les attend ne comporte
qu'une journée de vol : 700 km au maximum. Quelques heures avant le départ
on leur donne leur femelle, on laisse faire une petite volée et, ensuite,
on enferme les couples au casier. Par ciel clair et temps relativement facile,
on réussit parfois ainsi un coup d'éclat. Il est des mâles qui ont la passion
de l'élevage : à ceux-là on passe un jeune fin juin et, une deuxième fois,
fin juillet. En général, ils gavent ce jeune et on voit reprendre une nouvelle
forme. Surtout le veuf de cinq à sept ans s'accommode parfaitement de cette
variante du veuvage. Enfin, on peut couper la période de veuvage par une période
d'élevage. Cela se fait, surtout, par les amateurs qui ont plusieurs équipes.
Une équipe, accouplée tôt, est au veuvage du 15 avril au 15 mai, la suivante
du 15 mai au 15 juin, la première recommence du 15 juin au 15 juillet et la
deuxième termine la saison, en prenant le relai au 15 juillet. C'est évidemment
du sport de professionnel car l'amateur ordinaire n'a ni le temps ni les installations
pour employer des méthodes aussi compliquées.
En principe le veuvage ne doit durer que de deux mois à dix semaines. C'est
pour cela que le colombophile limité par le temps, ou désireux de jouer uniquement
les grandes épreuves, commence le veuvage fin mai et termine le jeu fin juillet.
Ces deux mois doivent lui suffire pour établir ou maintenir sa réputation.
Extrait
du livre de C.G. Van der Linden "Le pigeon voyageur"
Paru en 1950 aux éditions Payot - Tous droits réservés.
Vue sur le site de la FEDERATION COLOMBOPHILE FRANCAISE
Le jeu au NATUREL moderne par C.G. Van der Linden
La
jalousie
Un système de jeu astreignant... mais qui peut vous permettre de réaliser
de belles prestations...
On
accouple deux mâles avec une femelle - nous avons déjà dit qu'elle n'y regarde
pas de si près.
Le nid se trouve au milieu d'un casier à triples compartiments et, ainsi,
la femelle séjournera alternativement avec l'un des deux mâles. Il est évident
que le " trio " ne peut jamais être en liberté... au complet.
Pour bien réussir, il faut que les mâles ignorent qu'ils sont deux à se partager
les faveurs de l'élue. Sitôt que les concours sont en vue, on ouvre de temps
à autre le compartiment du mâle momentanément séquestré : c'est immédiatement
la bataille.
Il ne faut pas qu'elle dure et il faut, surtout, que le ... meilleur gagne,
c'est-à-dire celui qui a le plus de qualités sportives. Le jour de l'enlogement
on garde celui-ci enfermé dans son compartiment, mais on remplace la cloison
opaque par une cloison à claire-voie, ou par un verre de vitre.
Il est évident que ce mâle, voyant l'intrus détesté régner en maître dans
sa propre demeure, va sentir la jalousie et la, fureur l'envahir.
On termine la préparation en enlevant la séparation et on saisit le mâle à
enloger, sitôt qu'il a pu, avec l'aide du manager écarter son rival.
C'est un système de jeu épuisant et il faut beaucoup de doigté pour l'appliquer
convenablement. Il est des mâles qui font merveille ainsi et il n'est pas
rare de voir tomber en tête des sujets qui, joués naturellement, ne font rien
de transcendant. On conseille aussi d'entraîner les deux mâles, car le meilleur
n'est pas toujours celui qu'on pense !
Les " kotjes
"
Un
système basé sur la défense du térritoire de chaque
couple : celui-ci doit régulièrement repousser un intrus.
C'est
une méthode de jeu pratiquée depuis longtemps en pays flamand, spécialement
aux concours de vitesse.
Chaque couple reçoit un casier isolé avec sortie particulière au toit. On
les dispose par rangées au grenier, contre le toit, et une " tuile béante
" avec planchette d'arrivée donne accès à chaque compartiment.
Les couples couvent, élèvent, entrent, sortent et, ainsi connaissent parfaitement
leur planchette et leur " kotje ". Au début il faut prendre quelques précautions,
car, si l'un ou l'autre pigeon se trompe de " kotje ", il s 'ensuit des batailles
souvent dangereuses.
Quelque temps avant les premiers dressages on place journellement pendant
une dizaine de minutes, un mâle fougueux, non accouplé et de couleur très
voyante, dans chaque " kotje " : c'est le batailleur. Au bout de quelques
exercices il connaît son affaire et les batailles font rage. C'est, bien entendu,
le propriétaire du " kotje " qui doit remporter la victoire. Au retour de
chaque dressage le mâle retrouve l'intrus dans sa demeure.
Tous les mâles connaissent bien vite ce batailleur et le haïssent mortellement.
A l'arrivée, on montre le batailleur -on le pousse souvent par la tuile béante
- et l'arrivant plonge comme un épervier sur sa proie. Ce jeu demande beaucoup
de travail, mais pour la vitesse il ne semble pas qu'on ait trouvé mieux.
Les pigeons m'en souffrent pas, car après un mois de dressage les batailles
ne sont plus nécessaires : il suffit de montrer le batailleur au départ et
au retour.
La
jalousie des femelles
Une méthode originale de jeu des femelles...
On forme quelques couples dont les femelles seules vont partir aux concours.
On place les couples dans un colombier de petites dimensions et comportant
autant de casiers qu'il y a de femelles à jouer.
A la deuxième couvaison, on enlève les mâles tous les soirs, vers 18h., quand
toutes les femelles ont repris le nid.
On aura préparé un mâle de couleur voyante et très fougueux et on le lâche
au colombier des femelles.
Il va, roucouler de-ci de-là et il se hasardera bientôt à faire l'une ou l'autre
tentative... plus osée.
La femelle importunée chassera l'intrus à coups de bec et d'aile. Le même
jeu recommence ailleurs...
Au bout d'une demi-heure on enlève le mâle étranger. Chaque après-midi la
séance recommence et après peu de jours toutes les femelles quittent à la
fois leur nid, sitôt que l'étranger arrive, et le rossent d'importance.
C'est le moment de commencer les dressages et le jeu.
Il n'y a pas de nombreuses années que cette méthode est connue. On l'appliquait,
sans doute, mais ... en secret.
Il est vrai que l'amateur qui a trouvé un nouveau système garde jalousement
sa, trouvaille pour lui. C'est un jeu et la victoire se dispute chèrement.
La jalousie des femelles convient surtout pour les épreuves à " deux jours
de panier " (comme on dit), c'est-à-dire aux distances comprises entre 250
et 600 kms.
Nous l'avons appliquée avec quelques succès. Elle a le désavantage de sacrifier
complètement les mâles.
Le
demi-veuvage
On appelle ainsi une méthode de jeu qui comporte la séquestration momentanée
d'un des conjoints.
Sitôt que les jeunes sont à grain, soit à l'âge de dix jours - on n'en garde,
bien entendu, qu'un seul - le conjoint qui ne voyage pas rejoint la volière
et le voyageur se trouve seul à élever son petit.
Comme nous verrons plus loin le demi-veuvage des mâles, nous ne parlerons
ici que des femelles.
Le mâle sera séquestré la première fois, quand le jeune aura 3 ou 4 jours,
si un enlogement peut se faire à ce moment. La veille de l'enlogement on enlève
le mâle, et la femelle reste seule jusqu'au moment du départ.
Sitôt qu'elle est partie on met le mâle en liberté et celui-ci s'empresse
de rejoindre le nid et de reprendre sa fonction de nourricier. La femelle
rentre souvent en tête, et le ménage normal continue à subsister pendant 2
ou 3 jours.
Deux jours avant le concours suivant, le jeune aura 9 à 10 jours. Le mâle
est définitivement séquestré et la femelle, nourrie et abreuvée au casier,
ne quitte plus son rejeton.
Elle va petit à petit se mettre dans une forme exceptionnelle. Elle repart
et, si elle a quelque valeur, elle doit se distinguer. Pendant son absence,
le mâle retourne à son jeune, mais il ne faut pas que les conjoints se revoient.
Pendant toute la semaine suivante, la femelle garde le casier. Doit-elle faire
une volée de temps à autre ? Ce n'est pas indispensable, mais cela ne peut
faire de mal.
Si le jeune devient trop grand, on peut le remplacer, pendant que la mère
est en voyage, par un autre de même couleur, mais plus jeune.
En 1948, nous avons joué ainsi, avec succès, une femelle pendant 4 semaines.
Au départ du dernier concours le pipant était complètement développé et, comme
c'était un beau jeune mâle, il était bien plus grand que sa mère.
C'est un système idéal pour les femelles. On peut les jouer ainsi à toute
distance, même aux concours de fond. Elles ne s'usent pas, elles pondent peu
et l'élevage d'un seul jeune ne peut les épuiser.
Il est des amateurs qui gavent eux-mêmes le jeune, mais c'est tout à fait
inutile si l'on a des femelles solides et puissantes. Les femelles très nerveuses
ou... très amoureuses ne conviennent pas au demi-veuvage. Seules les véritables
" mères ", en fait les peu prolifiques, seront ainsi jouées et les autres,
rarement bonnes voyageuses, serviront " d'amusette " aux veufs.
Extrait
du livre de C.G. Van der Linden "Le pigeon voyageur"
Paru en 1950 aux éditions Payot - Tous droits réservés.
Vue sur le site de la FEDERATION COLOMBOPHILE FRANCAISE
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